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CODE DE DEONTOLOGIE DU JUGE

 

 

        Dans l’arène des sports aéronautiques, il n’y a pas une discipline plus précise que la voltige radioguidée où des commandes sont effectuées en une fraction de seconde sur un modèle qui évolue à plus de 150 km/h.

 

        Le pinacle de la voltige est le championnat du monde qui a lieu dans différents pays du monde.

 

        La prestation du pilote doit atteindre un niveau d’excellence. Il doit aussi être cohérent que possible et oublier les dix paires d’yeux de différents pays qui le regardent attentivement et le jugent.

 

        Ces dix juges sont d’une importance vitale pour l’intégrité, la réussite et l’avenir entier de ce sport qui dépendent de leurs décisions équitables et impartiales.

 

        Le principal intérêt cependant est de bien juger, et les premiers éléments qui permettent de former un bon juge sont premièrement, l’attitude mentale et deuxièmement, les connaissances appropriées. Ces deux critères doivent être présents pour qu’un juge dispose de tout son potentiel. Nous parlerons brièvement des connaissances techniques mais…

 

        Premièrement, portons notre attention sur l’attitude mentale qui se décompose ainsi :

 

-        Préjugé

-        Confiance en soi

-        Sentiment d’indépendance

-        Respect des règles.

 

Le préjugé est le premier élément de l’attitude mentale et se divise en deux types : conscient et inconscient. Un préjugé conscient ou intentionnel est heureusement rare. Par exemple, quand un juge accorde délibérément à un pilote un score plus haut ou plus bas qu’il mérite, le seul mot pour qualifier cette action est tricherie et ça ne sera pas toléré. 

 

        Un préjugé conscient peut aussi se produire par amitié ou par préjugé national vis-à-vis d’un pilote de son pays dans une compétition internationale. Habituellement, cela n’a pas d’impact significatif sur le score final mais c’est aussi considéré comme de la tricherie.

 

        Des exemples de préjugés inconscients peuvent être pour un juge d’accorder un score plus fort ou plus faible pour une préférence envers un monoplan contre un biplan ou envers un style de vol : par exemple, un pilote qui exécute des angles vifs dans les figures carrées plutôt qu’un pilote avec un style plus ample et plus gracieux.

 

        Puis il y a le « syndrome du gosse » où l’âge du pilote peut affecter les résultats.

 

        Il y a même un préjugé d’équipement où un juge peut involontairement essayer de soutenir une opinion personnelle antérieure en ce qui concerne la réputation d’une marque.

 

        Peut être que le préjugé le plus marquant et la forme de préjugé inconscient qui peuvent saisir un juge sur la ligne de vol s’appelle « facteur grâce ». Cela se produit quand un champion obtient une sur- cotation grâce à sa seule réputation. Cela peut pénaliser un pilote inconnu dans un grand jour. C’est un préjugé facile à comprendre mais néanmoins qu’un juge doit essayer sérieusement de minimiser.

 

        Un autre aspect important pour atteindre une attitude mentale convenable est la confiance en soi, cette confiance en soi qui s’appuie sur les connaissances et non sur l’arrogance.

        Un juge ayant confiance en lui peut noter un pilote convenablement qu’il soit champion du monde ou non. Il n’est pas gênant d’utiliser le champ étendu de score aussi bas que 2 ou 4 ou aussi élevé que 9 ou 10.

 

        Un autre critère caractéristique d’un bon jugement est un sentiment d’indépendance. Un juge n’opère pas dans une cage de verre… Il partage la ligne des juges avec neuf de ses collègues et ne doit pas se laisser influencer ou contraindre par une personnalité dominante assise auprès de lui.

 

        Le dernier élément de ce qui constitue la bonne attitude mentale est un des plus importants : c’est le respect du règlement. Un bon juge a un sens développé de l’équité. Il sait que la compétition ne peut être équitable si on n’applique pas le même règlement à tout le monde. Quiconque assis dans la chaise de juge doit adhérer au règlement qui existe à cette heure ou se disqualifier lui même. C’est ça qui est important.

 

        Maintenant que nous avons établi l’attitude mentale correcte, tournons brièvement notre attention vers l’autre élément primordial d’un bon jugement : la connaissance technique. La connaissance technique consiste à utiliser un système organisé de décompte des points qui doit être cohérent et exact.

 

        Le décompte des points suppose que le concurrent va effectuer une manœuvre parfaite à laquelle est attribuée la note 10. Puis on décompte au fur et à mesure des fautes observées plutôt que de tomber dans le piège de noter sur une impression globale.

 

        Cela suppose pour le juge que le concurrent va effectuer une manœuvre parfaite ainsi il pourra démarrer de la note 10. En regardant la figure il commence alors à trouver les fautes et à décompter les points. Ce système est préférable à celui qui consiste à attendre jusqu'à ce  que la manœuvre soit finie et à essayer d’attribuer une note en fonction de l’impression globale. Ce dernier provoque un jugement irrégulier et incohérent et limite la cotation à une gamme trop étroite. Quoiqu’il en soit, à la fin, le résultat doit être cohérent avec la qualité de l’ensemble de la figure.

 

        Tous les juges doivent s’efforcer de faire en sorte qu’il y ait un haut degré de cohérence et d’exactitude. L’aspect le plus important d’un jugement cohérent est pour chaque juge d’établir un niveau et de le maintenir par la suite tout au long de la compétition.

 

        Il est recommandé au directeur de la compétition ou à l’organisateur de réunir les juges avant, afin de discuter sur la manière de juger et d’établir un barème aussi uniforme que possible. Une fois la compétition commencée, le juge individuel, ne doit modifier ce barème sous aucune influence.

 

        Un barème précis de jugement est aussi très important. Etre un juge cohérent, que la note attribuée soit basse ou élevée, n’est pas bien si celle ci ne correspond pas à la manœuvre exécutée.

 

        Il faut rappeler que c’est le métier du juge de trouver la faute. D’un autre côté, il faut donner 10 à une manœuvre parfaite. Prenez garde à ne pas limiter votre cotation dans une gamme trop étroite. Si vous regardez attentivement et notez de façon cohérente, vous serez amené à donner un occasionnel 2, 3 ou 4 pour certaines manœuvres peu soignées qui cependant ne sont pas assez mauvaises pour mériter un zéro. Vous donnerez exceptionnellement un 9 ou un 10 pour une figure dans laquelle il n’y a que peu ou pas de faute.

 

        Prenez garde à ne pas noter en vous basant sur une impression d’ensemble du vol. Soyez prêt à pénaliser une mauvaise figure même si auparavant vous n’avez donné que des 8 ou des 9. Inversement, ne restez pas sur le rythme des petites notes. Soyez prêt à franchir le seuil des 4 ou 5 pour un 9 si la figure le mérite.

 

        Ce texte est extrait de la cassette vidéo qui sert de support à la formation des juges.